
Le matin qui suivait le drame, alors qu'elle descendait nonchalamment les escaliers pour gagner le salon, elle aperçu un inconnu se tenant debout, accolé à la rambarde près du vestibule. Après avoir observé la vacillante clarté jaune d'une bougie qui se jouait sur le visage de l'inconnu, elle s'arrêta instinctivement au bas de l'escalier. Une sorte d'émotion tendait ses traits durs.
Ils s'assirent tous les deux dans la salle à manger sans dire un mot. Lui semblait nerveux et las, elle, sentait son coeur si gonflé qu'elle craignait à tout instant d'éclater en sanglots. Ils échangèrent quelques phrases banales, en ne prêtant pas attention au jour qui tombait. La pièce s'assombrissait alors en les enveloppant comme d'une ombre funèbre. Par moment, des frissons la parcourait et son buste fléchissait, comme courbé par tout le poids de cette douleur qui enserrait son coeur. Dans le foyer, les langues de flammes se tordaient autour du bois rugueux et sifflaient doucement. Leur lueur fugitive glissait parfois sur ses cheveux entremêlés et sur son visage altéré par la fatigue.
L'étranger repartit quelques heures plus tard. Personne ne saura jamais de quoi leur conversation aura été question ce jour. A présent, l'atmosphère de la vieille maison semblait lui peser. Là où tant de saines traditions, tant de fortes et intangibles instructions avaient répandu leur parfum, son âme amorphe, flétrie par d'incessantes abdications, éprouvait le sourd malaise d'un remord.
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