Thursday, June 17, 2010

Les heures de la vie






















Elle garda le silence. A ce moment, une fleur glissa de la table, tomba sans bruit sur le tapis, à ses pieds. Le visage coloré de l'homme s'empourprait sous la force de l'émotion qui agitait alors tout son être. Il se penchait vers elle, en la regardant d'un air de supplication.
"Pardonne moi. Oublie cette erreur. Aime moi comme avant."
Comme avant? Impossible."
Elle ne prit pas le temps d'achever sa pensée, mais il la comprenait. Toute sa confiance ainsi que son estime pour lui étaient mortes. Et son cœur, si pur et si grand, ne pouvait conserver un amour sans estime.
Il détourna les yeux de ce regard triste mais résolu. Dans la lourde chaleur du mois d'aout, des parfums de fleurs se répandaient et enivraient l'immense pièce close. Un petit rayon de lumière se jouait sur le front de la jeune fille, sur ses boucles brunes, qui prenaient des reflets de soie. Il se glissait alors jusqu'à elle, jusqu'à ce visage tout ému dont les épaisses lèvres pourpres tremblaient.
"Je n'ai pas d'affection pour toi."
Il eut une sorte de rire amer. Elle sentit alors son regard qui s'attachait sur elle, avec une furtive ardeur.
"Je ne serai pas heureux comme je l'aurais voulu."
Au milieu de son trouble profond, elle eut soudainement l'impression qu'il s'enfuyait avec une sorte de joie. La joie de lui avoir échappé. Elle comprit aussi toute la faiblesse de ce cœur, ambitieux et libertin, qui se donnerait pour se reprendre bientôt. Elle s'assit près de la table couverte de fleurs et mis la tête dans ses mains. Un papillon vint se poser sur sa chevelure. Mais le corps ployé ne bougea pas. Elle ressentait en elle une douleur tranquille, étreignant son cœur aimant et fier, qui venait d'être frappé par la grande désillusion de la vie.

No comments: