
Puis, une voix d'une douceur extrême s'élevait du jardin. C'était une chanson espagnole, que ce même homme avait si souvent chanté à sa fenêtre ouverte.
Alors affluèrent dans mon cœur les souvenirs de cet heureux temps révolu. Leur violence était telle que j'en aurais versé quelques larmes amères. Je revis le parc silencieux devant la maison au point du jour. J'étais si heureuse cachée derrière les buissons que je ne pus me retenir davantage. Je grimpai sur les ornements dorés de la grille et je m'élançai dans le jardin d'où provenait le chant. Je remarquai alors une blanche silhouette derrière un lointain peuplier. Elle me regarda d'abord avec surprise comme j'escaladais le grillage. Cette ombre s'enfuit soudainement à travers le jardin obscur."C'était lui." m'écriai-je, et mon cœur palpitait, car je l'avais aussitôt reconnu à l'agilité de ses jambes. Avant que j'atteigne enfin l'entrée de la maison, portes et fenêtres avaient été solidement verrouillées. Je frappai discrètement, je prêtai l'oreille, puis frappait encore. On m'avait bien l'air là dedans de chuchoter et de rire sous cape. Un instant même, je crus voir deux yeux sombres scintiller au clair de lune entre les jalousies. A cet instant, tout se tut.
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