
Attendre est terrible. Ne plus attendre est pire. Elle ne savait pas si elle devait l'attendre ou en désespérer. Que devenir? Elle asphixiait. Elle ne supportait plus la solitude, elle ne pouvait rêver voir des gens... Des indifférents, qui parleraient sûrement d'autre chose... Des gens tombés de la lune, ou au contraire... Rien ne lui était plus contraire que la confidence, l'ultime remède. A qui se confier d'ailleurs? Ses amis... En avait-elle des amis? Si cela avait été le printemps, elle serait allée marcher, vagabonder, se perdre. Mais il faisait froid, sale et noir. Comment passer ces jours insupportables qui venaient et qui tardaient à venir? Ce qui était seulement certain, c'était qu'elle ne pouvait plus supporter ses pièces, la monotonie de chez elle, de ces livres illisibles, de ce décor insipide. Avec toute la justesse de ses sentiments, elle avait cette inquietude, qu'un peu avant son réveil, dans la dernière période de son sommeil, elle eprouverait le vide absolu de sa vie. Elle avait cru jusqu'alors, qu'elle faisait quelque chose de bien, elle voyait une foule de gens, et se plaisait à les écouter. Elle ne pouvait s'empecher de juger ce monde déraisonnable, à partager ses plaisirs, à deviner son drame profond, à se mêler à son agitation. Elle prenait les vents de sa liberté, comme une bouffée, une ivresse. Le temps paraissait si inconscient et lourd à la fois. Mais maintenant, tout était creux, tout était inutile. Elle ne désirait rien. Pas même le soleil ou la chaleur. Que s'était-il passé? Un seul être vous manque et tout est dépeuplé... A quoi servent toutes ces lamentations... Eux deux, ensemble? Ca en devenait presque un dégout, cette injustice violente. Tout accepter? Elle se débattait devant cette eau noire. En était-elle vraiment là?
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